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La semaine de suzette

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Entretien avec Jean-Jacques Nouaille

Bonjour, jean-Jacques, aujourd’hui vous nous présentez votre nouvelle acquisition : une collection de journaux hebdomadaires intitulés « La semaine de Suzette », où je suppose il y a un lien avec Pierre Belvès ?

Bonjour, oui effectivement. Pendant quelques années Pierre Belvès a publié des articles dans ce journal et cela faisait un moment que je cherchais des exemplaires. Certes, j’ai pu en consulter quelques-uns lors de brocantes, vide-greniers dans mon département, sans succès car je n’y trouvais pas les articles convoités. Il faut dire que je ne connaissais, ni l’année, ni la durée de cette collaboration.

L’éditeur était Gautier-Languereau. Il n’existe plus aujourd’hui et a été repris par le groupe Hachette. Aussi de fil en aiguille, j’ai pu prendre contact avec le siège des archives de cette maison d’édition qui hélas n’a conservé aucun exemplaire de cette parution.

La semaine de suzette – edition du Jeudi 9 juin 1955

Donc je me suis tourné vers le net et ses plateformes de vente entre particuliers du genre « le bon coin », « ebay » pour voir si quelqu’un proposait ce genre de produit. Je désespérai car depuis la mi-juin 2018 aucune proposition en vue…

Donc une offre a été publiée ?

Oui, en veille régulière en début octobre 2018, je suis tombé sur une offre de vente d’un lot d’une 50aines d’exemplaires entre les années 55 et 57. J’ai pris contact avec le vendeur, à qui j’ai demandé de bien vouloir vérifier la présence d’articles de l’illustrateur Pierre Belvès, tout en lui expliquant le pourquoi de cette recherche. Un jour plus tard, il me confirmait que 23 exemplaires contenaient des articles de Pierre Belvès.

Alors là imaginez l’euphorie en moi, d’autant plus que ce monsieur me semblait très aimable et très avenant dans ma requête. Il vidait la maison de sa mère. Dans un carton, bien rangé, il y a trouvé ces journaux en bon état. Plutôt que de les jeter ou de les brûler, il a eu la bonne idée de les proposer sur le net, en pensant à des collectionneurs. Ancien facteur tout comme moi, nous nous sommes entendu sur le prix et les modalités d’envoi. Je tiens donc à le remercier tout particulièrement pour ce merveilleux cadeau qu’il nous a fait.

J’imagine votre joie en ouvrant le colis ? Alors qu’avez-vous trouvé ?

En effet, j’étais impatient et à la fois heureux de cette trouvaille. Dans ce lot, j’ai même trouvé le journal annonçant la collaboration de Pierre Belvès : à savoir l’édition du jeudi 9 juin 1955.

Page annonçant la nouvelle rubrique « Bricolage artistique » préparée et dessinée par Pierre Belvès.

Après un inventaire rapide du lot, j’ai donc extrait les volumes concernés, le style de dessin de Pierre Belvès est reconnaissable entre mille ! Maintenant je les examine un à un.

Il me reste à déterminer la période exacte de sa collabation avec la maison d’édition pour trouver les autres numéros. Je pense me tourner de nouveau vers l’éditeur pour voir s’il possède ou pas un contrat du partenariat, ou des factures de rétribution à Pierre Belvès.

Mais dites-moi en plus sur ce qu’était « La semaine de Suzette » ?

Ce petit journal hebdomadaire – publié le jeudi jour de repos pour les enfants scolariés – a eu une durée de vie exceptionnelle : de 1905 à 1960, ce qui fait un sacré nombre de semaines ! Excellent par son contenu, il est surtout connu et collectionné pour ces superbes planches dessinées de Bécassine par Pinchon, mais aussi pour d’autres planches d’illustrateurs comme Henry Morin, Manon Eissel…
Il contenait notamment des patrons de robes de la célèbre poupée Bleuette ! Une motivation de plus pour les jeunes filles à apprendre à coudre.

Cette publication visait un public féminin – rare à l’époque – en particulier la petite Française catholique entre 7 et 14 ans, de milieu bourgeois, ce a contrario des publications du moment plutôt orientées laïques (L’Épatant, Les Belles Images, La Jeunesse Moderne, Le Jeudi de la Jeunesse…) et plutôt à destination des garconnets (Le petit Français illustré, L’Écolier illustré).

Esprit de la revue
Le rubriquage était davantage centré sur la fiction et le divertissement, qui tranche avec les textes moralisants jusque-là proposés aux enfants. Chaque numéro contenait deux romans-feuilletons, quelques courtes « nouvelles du monde » à la fois amusantes et instructives, et bien entendu une ou deux histoires en images (dont Bécassine). De plus s’ajoutaient le courrier des lectrices (Les suzettes), les conseils pratiques, la lettre de « Tante »- édito de la rédactrice en chef -, des jeux, des bricolages et même quelques blagues. Le tout dans une langue et des illustrations choisies avec soin. Ce petit journal hebdomadaire reflètait une époque et une classe sociale.
Certes, l’objectif de La Semaine de Suzette restait bien l’éducation, mais il avait le mérite de remplir cette mission par le rire et la détente. Ses rédacteurs semblaient en outre être animés d’un souci réellement parental, voire quasi maternel, du bien-être de l’enfant.

Je pense que ce sont ces choix éditoriaux de ce livre jeunesse, qui en a fait le succès. Rendez-vous compte que La Semaine de Suzette, a été vendu, dans l’entre-deux-guerres, à près de 200 000 exemplaires !

Ainsi Pierre Belvès qui demeurait convaincu de l’importance de l’Art dans la vie, toujours attiré par la jeunesse, a,  grace à ses relations, réussi à intégrer des fiches explicatives de ses bricolages.

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